L’hypnose, une histoire de charlatans ?
Je partage avec vous deux commentaires postés sur ma page Facebook qui m’ont donné envie de prendre ma plume : « Et il y a encore des gens qui se font avoir ! » et : « Moi je ne crois pas à l’hypnose ! « . Je remercie les personnes qui ont écrit ces commentaires car elles me donnent ainsi l’occasion de déconstruire certains préjugés à propos de l’hypnose.
Je suis toujours étonnée d’entendre une personne me dire qu’elle ne croit pas à l’hypnose, comme si c’était une question de croyance, comme si c’était la même chose que de croire en Dieu, à la magie ou aux esprits. On a l’impression à les entendre que ceux qui se laissent hypnotiser sont des êtres naïfs, faibles et un peu stupides puisqu’ils « se laissent avoir ». Bien entendu ces personnes n’ont jamais fait l’expérience de la transe et ne font qu’exprimer les préjugés qui ont cours dans la société à propos de l’hypnose.
L’hypnose, une question de croyance ?
On ne peut pas parler de l’hypnose en termes de croyance puisque l’hypnose se situe sur le registre de l’expérience. Elle induit un état de conscience modifiée qui s’expérimente à travers notre subjectivité, c’est-à-dire à travers notre façon d’être au monde qui est propre à chacun. Personne ne peut remettre en question ce que vous vivez quand vous êtes en état de transe. Cela vous appartient. Et si ce que vous avez vécu fait que vous revenez de la transe plus détendu, plus heureux ou en meilleure forme, cela non plus, personne ne peut vous l’enlever. Peut-on dire que celui qui arrête de fumer ou voit ses symptômes disparaître s’est fait avoir ?
L’état de transe est un état naturel que tout le monde peut en principe expérimenter. La transe a une origine neuropsychologique, et on entre en transe comme on dort, respire, digère, etc. Alors croyez-vous en la digestion ou au sommeil ?
Une internaute m’écrit : « je fais ça depuis longtemps sans savoir que c’est de l’hypnose« , ce qui démontre que l’état de transe est naturel, spontané puisqu’il est inscrit en nous. Moi-même j’ai vécu ma première transe vers l’âge de 12 ans en pleine nature sans comprendre ce qui m’arrivait. Et si j’ai trouvé cela fabuleux, je me suis en même temps demandé « Qu’est-ce qui m’arrive ? Suis-je normale ? » Parce que bien entendu, personne ne m’avait jamais parlé de ça.
La peur de l’hypnose
Et pourquoi jamais personne ne m’avait parlé de ça alors que c’est une fonction parfaitement naturelle ? Parce que dans notre monde régulé par la rationalité, la transe est considérée comme suspect et on l’associe à un passé obscure. Elle évoque la peur de l’irrationnel, la sorcellerie, le danger. Ceux qui la pratiquent auraient oublié de prendre le virage de la modernité et vivraient dans un univers archaïque fait de croyances révolues.
La rationalité est au fondement des valeurs de la modernité. Beaucoup de personnes craignent d’être pointées du doigt quand elle se comportent de façon irrationnelle et s’auto-censurent. En voulant respecter les normes établies par la rationalité, elles se privent ainsi de la magie, de la créativité et de la poésie qui sont pour moi le nectar de la vie.
La rationalité sous-entend le contrôle de soi et dévalorise l’abandon et le lâcher-prise. Elle nie aussi l’existence de ce qui échappe à nos catégories et réduit le monde à des cages étroites qui nous coupent de l’essentiel. Ce qui fait qu’aujourd’hui, beaucoup de personnes ont honte de se laisser aller à la transe et n’ont plus accès à cette ressource essentielle tellement naturelle. Elles se retrouvent ainsi mutilées dans leur façon d’être. La honte ou la peur de se laisser aller est une des premières causes de résistance en thérapie.
La transe a accompagné l’humanité depuis la nuit des temps et sa fonction est des plus simples : le ressourcement. C’est pourquoi je considère qu’il est important de donner les moyens à chacun de retrouver en lui-même le chemin de la transe et de se réapproprier ainsi son véritable pouvoir.